Dossiers
Jardinature
Les bambous
par Léa

La plupart des bambous nous viennent d’Asie. Là-bas, ils font
partie intégrante de la vie quotidienne. Les bambouseraies sont omniprésentes
dans le paysage naturel des pays asiatiques.
L’utilisation du bambou va de la plantation des plantes dans les jardins, forêts
etc, à la fabrication d’ustensiles et d’objets toutes sortes ainsi que pour
l’alimentaire.
L’Europe voit le nombre croissant d’amateurs de bambous augmenter d’année
en année. L’offre des variétés est immense ; les jardins publics, les
jardins botaniques ont tous leur bambouseraie, alors pourquoi pas le
particulier.
La multiplication des importations de bambous de Chine, Japon, Corée et autres
pays asiatiques, permet d’avoir un choix de plus en plus en grand. Surtout que
des variétés, adaptées à notre climat plus froid, viennent depuis quelques
années sur le marché européen, de quoi satisfaire nos jardins et nos envies.
L’intensification des échanges entre les collectionneurs de différents pays,
que se soit à titre particulier ou professionnel ou dans le cadre
d’association, a fait favoriser la diffusion des connaissances sur la culture
du bambou (soin- entretien).
Que se soit en bac, en pot, sur une terrasse, dans un jardin, un parc, il y a
des variétés pour tous les goûts, tous les climats.
De nombreux livres ont paru, permettant ainsi à tout à chacun de découvrir le
monde du bambou ; grâce au net, des sites se sont ouverts pour nous faire découvrir
le monde du bambou.
Voici quelques photos autour du bambou :
Pseudosasa Japonica

Phyllostachys aureo flexuosa

Pleioblastus chino variegata gracilis en bonsaï

Phyllostachys nigra

En Asie, la vie est inconcevable sans bambous. Il est partout,
dans la chaleur des forêts tropicales, à la fraîcheur des montagnes, dans les
plaines en altitude ou basse altitude, dans les jardins, dans les maisons, dans
la culture, les arts, la religion, la vie quotidienne.
Dans l’antiquité, les habitants de Chine (Empire du Milieu) s’identifiaient
au Bambou, considéré comme le symbole de la nature chinoise. Il matérialise
la flexibilité, la constance, l’obstination.
Sa tige ploie dans la tempête mais ne se rompt
pas.
Ses feuilles tremblent dans le vent, mais ne tombent pas.
Le bambou fléchit, c’est ainsi qu’il survit, qu’il s’impose.
Au Japon, le bambou fait référence à la qualité mentale : savoir composer et
céder, pour sortir indemne des remous des épreuves de la vie.
L’Asie moderne n’a pas oublié que l’homme ne peut se concevoir sans la
nature. Il doit se soumettre à ses lois pour survivre ; quand cette harmonie
qui lie l’homme à la nature est comprise, il est facile de comprendre, que
celui-ci qualifie le bambou, comme un frère, un compagnon, un ami.
Le bambou n’est pas le seul végétal à jouer un rôle essentiel dans la
culture asiatique. Le pin, le saule, le prunier, le chrysanthème, le lotus sont
eux aussi intégrés à la culture. Tous ont leur propre symbolique. Le bambou
ayant lui une particularité vitale pour la société asiatique, car il fournit
en plus des matériaux de construction, de l’alimentaire, la matière première
pour des ustensiles de la vie quotidienne.
Quelques symboles du bambou :
- La modestie : sa tige est creuse et ses feuilles pendent.
- L’emblème de l’âge : il est toujours vert et ne change pas au cours des
saisons.
Echafaudage en bambous en Inde

Allée bordée de bambous

- Nous retrouvons le bambou dans beaucoup de légendes et de
contes asiatiques. http://fr.wikipedia.org/wiki/Kaguya-hime
- En Asie et notamment au Japon, le bambou est associé à de nombreuses cérémonies,
la fête du bambou par exemple, la cérémonie du thé, car les accessoires sont
en bambou.. Les décorations du Nouvel An comprennent le bambou, le prunier et
le pin. En Chine, le bambou est associé à l’orchidée, au chrysanthème, et
au prunier.
- Le bambou a un rôle considérable dans la calligraphie ; les pinceaux sont en
bambou. Jadis le papier était fabriqué à partir de feuilles de bambous. Le
bambou se retrouve dans beaucoup de dessins peints à l’encre de chine. Cela
s’explique d’une part par la présence de cette plante dans le paysage
asiatique, et d’autre part que le sujet de la nature est un motif
d’inspiration très répandu.
Le bambou est systématiquement peint afin de faire référence à son
symbolisme. Et bien entendu nous retrouvons le bambou dans la poésie asiatique
(Au Japon des haïkus) qui est spécialisée dans le dépouillement de style et
la représentation symbolique.
Le bambou est donc devenu incontournable dans l’art paysager, l’aménagement
des parcs et des jardins. La conception d’un jardin est une forme
d’expression artistique où le bambou va pouvoir vivre dans toute sa splendeur
et son élégance.
Je ne rentrerai pas dans les détails de la conception d’un jardin chinois ou
japonais, les règles fondamentales étant différentes de celles pour la création
des jardins européens.
Le bambou symbolisant force, flexibilité, amitié, et vieillesse, trouve sa
place désormais dans nos jardins.



Caractéristiques
des bambous |
Le bambou fait partie de la famille des poacées appelée plus communément «
graminées ».
Plante à feuilles persistantes et pourtant au printemps lorsque les nouvelles
feuilles apparaissent, la plupart des anciennes se détachent même celles restées
vertes en hiver. C’est un renouvellement naturel.
Le bambou a une autre caractéristique : le diamètre de la jeune pousse
(turion) est celle de la tige adulte. Ils ne développent pas l’épaisseur de
leurs tiges comme un arbre ou un arbuste, mais développent le nombre de tiges.
Le bambou comprend :
- un rhizome (tige souterraine)
- une tige ou chaume (partie aérienne) qui comprend des nœuds et entrenoeuds
en fonction de variétés, ceci afin de stabiliser la tige ou chaume.
- des branches ou rameaux qui poussent sur la tige (chaume) une fois sa
croissance terminée
- des feuilles portées par les branches, jamais par la tige principale (chaume)
Vocabulaire
- chaume = tige principale
- traçant : se dit de rhizomes qui courent rapidement sous terre et émettent
des chaumes de plus en plus loin de la souche (appellation botanique: développement
monopodial = croissance à partir d’un bourgeon terminal)
- cespiteux : se dit de rhizomes qui émettent de nouveaux chaumes exclusivement
prés de la souche , en touffe serrée (appellation botanique :développement
sympodial = la racine principale arrête sa croissance et des bourgeons latéraux
prennent la suite, et ainsi de suite)
- turion = jeune pousse sortant de terre sans branches ni feuilles
- pousse : 1er stade de développement d’un bourgeon avant qu’il ne donne un
turion
- gaine : enveloppe végétale qui protége la jeune tige (turion) pendant toute
sa croissance
- entrenoeud : partie du chaume ou de la branche entre deux noeuds
Le rhizome
Deux types de rhizomes pour deux types de bambous.
Le bambou cespiteux, qui pousse donc en touffe serrée, a un rhizome (appelé
pachymorphe) court et épais.

Le bambou traçant a un rhizome (appelé leptomorphe) long et mince.
Le chaume
La tige ou chaume du bambou lui donne toute sa caractéristique exotique.
Les chaumes peuvent atteindre quelques dizaines de cm comme plusieurs mètres de
hauteur.
Ils sont épais ou minces, au port droit ou penché mais toujours avec beaucoup
de souplesse.
Les principales variétés ont des chaumes verts, mais il en existe des jaunes,
bruns, noires, bicolores, striés…….etc.
Le chaume se compose de nœuds et d’entrenoeuds, qui stabilisent le chaume.
Souvent réguliers, certaines espèces présentent des chaumes avec des
entrenoeuds irréguliers.

Le chaume est la partie la plus importante du bambou, car c’est lui qui
servira de matériau. La tige est creuse ; on l’appelle bois et pourtant ce
n’est pas tout à fait le même que pour nos arbres et arbustes. Les fibres de
cellulose qui composent le chaume, font à peu prés 1 cm de long ; pour le bois
des arbres, elles font tout juste quelques millimètres.
Les fibres de cellulose du bambou contiennent de la lignine et de la silice,
alors que le bois de nos arbres ne contient que de la lignine
encore des bambous !
Phyllostachys flexuosa

Croissance
du chaume
Etant donné que la croissance du chaume est très rapide (quelques semaines),
tous les éléments nécessaires à cette croissance sont emmagasinés dans le
rhizome au cours de l’été et automne précédents.
Les turions sortent du sol à différentes périodes de l’année en fonction
des espèces, le plus souvent entre mars et juillet ; tout dépend aussi du
climat et des conditions de culture.
Comme il a été écrit plus haut, le diamètre du turion (pousse) est celui de
la taille adulte du chaume. Les nœuds et entrenoeuds sont déjà dans le
turion, celui se déploie comme une canne à pêche téléscopique. La gaine de
chaume le protége pendant toute sa croissance, et a dans son enveloppe des éléments
nutritifs qui l’aident à se développer.
Quand le chaume a fini de grandir, la gaine se fane car elle ne sert plus à
rien. Les bourgeons de branches ont déjà commencé à se développer au niveau
des nœuds. En fonction des espèces le développement des branches ne
s’effectue pas de la même façon. C’est un repère important pour différencier
les variétés.
La croissance du chaume est caractérisée par un phénomène particulier au
bambou ; les nouveaux chaumes de l'année dépasseront systématiquement ceux de
l'année précédente, exemple :
Année 1, le chaume fera 1m
Année 2, le nouveau chaume fera 2 m
Année 4, le nouveau chaume fera 4 m et ainsi de suite jusqu'à la taille
effective de l'espèce, en fonction du climat et des conditions de culture
Branches - feuilles - fleurs
Les branches vont donc se développer à partir de bourgeons (yeux). En règle générale,
une branche par œil , et 2 yeux par nœud. Les feuilles se forment sur ces
branches ainsi que les prochains yeux pour la croissance de nouvelles branches
l’année suivante.
Les feuilles du bambou restent vertes plus d’une année ; mais elles finissent
par jaunir et tomber ; il y a donc un renouvellement naturel des feuilles. L’été,
le bambou continue de faire des feuilles.
La forme, la taille et la couleur d’une feuille de bambou peuvent varier
d’une variété à l’autre. C’est un critère de plus dans le choix de son
bambou dans son jardin.
Les bambous fleurissent rarement. Pour certaines espèces, la floraison épuise
tellement le bambou qu’il meure. Quelques fois le rhizome a conservé des réserves
et développe des pousses fragiles mais qui reconstitueront les réserves du
pied.
A une époque, il était coutume de dire que lorsqu’un bambou fleurit, toute
la variété dans le monde fleurit en même temps. Il s’avère d’après de
nouvelles études, que cela n’est pas systématique. La floraison des bambous
possède encore des recoins inconnus et mystérieux pour les chercheurs.
Et voilà nous avons fait un petit tour dans le monde du bambou.
Maintenant que nous le connaissons mieux, cela sera plus facile pour le choisir,
le planter, en prendre soin.


Graines de fleurs d'un de mes bambous : il a refait des feuilles cet été !

La
plantation des bambous |
Climat
Le bambou aime la chaleur et supporte le froid. Les variétés de bambous de
zone tempérée se sont adaptées à notre climat. Il suffit de vérifier quelle
température négative il peu supporter.
Epoque de plantation
Dans les régions à hiver froid, rude, il est conseillé de ne pas planter tard
dans l’automne. Début septembre ou printemps sont recommandés.
Dans les régions à hivers doux, et été chauds secs, il est préférable de
planter en automne même en hiver, car le sol est suffisamment humide pour une
bonne reprise au printemps. Cela ne dispensera pas l’arrosage au printemps et
été suivant.
Dans les régions intermédiaires, la plantation peut intervenir entre février
et l’automne.
Sol
Il se plait dans la plus part des sols, à terre normale, même calcaire et
acide sans excès.
Le bambou préfère un sol bien drainé qu’un sol lourd. Toutefois en le
plantant il est possible de faciliter un bon démarrage en mettant de la tourbe
et du sable en sol lourd, et de la terre végétale et de la tourbe en sol
sableux.
Dans un sol glaiseux, les rhizomes pourrissent ; il faut donc recréer dans un
bon trou de plantation, la condition optimum de culture.
Eau
Le bambou aime l’eau mais pas les terrains marécageux, ni les terres trop
humides. Les rhizomes ont besoin de respirer. Il pourra supporter un terrain
inondé pendant une quinzaine jours et en fonction des variétés.
Le bambou n’aime pas l’eau salée à ses pieds ni les embruns salés sur ses
feuilles. Certaines espèces résistent mieux que d’autres.
Exposition
Les bambous aiment la chaleur, il faudra veiller à l’arrosage si en plein
soleil. La plus part des bambous supportent aisément une situation mi- ombre.
L’ombre est préférable dans le midi.
Arrosage
Les deux premières années suivant sa plantation, il appréciera d’être
arrosé. Certaines variétés supportent mieux que d’autres une période de sécheresse.
En sol poreux et sec, il faudra veiller à un arrosage régulier pour qu’il ne
souffre pas d’un manque d’eau.
L’arrosage du bambou doit se faire en pluie fine, plusieurs fois afin que
l’eau pénètre bien. Un arrosage abondant moins régulier provoquera un
ruissellement et les rhizomes du bambou profiteront moins de l’eau.
Distance de plantation
Bambou nain : 1 pied /m2
Bambous petits : 1 pied tous les 4 m
Bambous moyens : 1 pied tous les 5 m
Bambous géants : 1 pied tous les 7 m
Il faudra adapter ces distances en fonction du type de bambou, cespiteux ou traçant.
Entretien
Au cours des deux premières années, l’entretien se limite : à l’arrosage,
surveiller les limaces, protéger la souche l’hiver avec un tas de feuilles
mortes, désherbage manuel.
A partir de la 3ème années, le bambou a besoin de profiter de la
reconstitution des réserves du sol. C’est un gros gourmand.
- au printemps le bambou a besoin d’azote pour former ses jeunes chaumes puis
les feuilles. Si vous disposez de compost, fumier ; de bonnes pelletées par
pied de janvier à mars en fonction de la région.
- Si on n’a rien de tout ça : choisir un engrais gazon type « coup de fouet
» 16.10.10. Trois applications à prévoir à 1.5 ou 2 mois d’intervalle le
dernier en juin. Et en été, il faut nourrir les rhizomes pour améliorer leur
croissance et la résistance de la plante, engrais type potasse/ phosphore sans
trop d’azote, type 6.15.25 ou 6.15.30
La plantation en terre végétale normale
- Faire tremper la motte ou le conteneur 5 à 10 minutes dans une bassine
d’eau
- Faire un bon trou, profond et large si bambou traçant ou demi traçant, plus
large que profond pour un cespiteux, mais toujours plus grand que la taille du
pot.
- Mettre dans le fond du trou, une bonne pelletée de fumier, compost ou, si
rien de tout ça, une bonne pelletée de terreau « or brun »
- Recouvrir de terre végétale
- Placer la motte, le dessus au niveau du sol
- Reboucher avec terre végétale et arroser en pluie fine.
En cas de sol lourd, sol sec, caillouteux, il faudra creuser un trou un peu plus
important pour redonner les conditions normales de culture au bambou. Un bon démarrage
facilitera la reprise et sa croissance.
Plantation en pot ou jardinière
Les bambous généralement n’aiment pas être à l’étroit dans un bac,
enfin leurs rhizomes.
Les bambous cespiteux sont plus appropriés à ce type de culture. En pot, un
bambou a une croissance moins rapide
Le pot ou jardinière doit être adapté à la taille du bambou. Tous les deux
ou trois ans, il devra être rempoté dans un pot plus grand. La terre sera systématiquement
changée.
Un peu d’engrais ou de compost lui facilitera la vie. L’arrosage devra être
surveillé et régulier en été même par printemps ou automne sec. L’hiver,
les rhizomes d’un bambou en pot seront beaucoup plus sensibles au froid, par
exemple un bambou peut résister à – 20°, le même en pot résistera à –
10 °. Il suffit de protéger le pot et la surface du pot puis de placer le
bambou à l’abri des vents et courants d’air.
Chez Léa, bambou secoué sous la neige

Charlie dans les bambous


C'est lui qui a fleuri mais il est reparti, ouf ! Avec de bonnes pelletées de
fumier au printemps dernier.

Source
: archives personnelles, guide clause, livre Bambous de C.Recht, catalogue général
de la bambouseraie de Pra France, Guide du bambou de la pépinière P., livre
jardin japonais de 0.Nitschke.....
Témoignage
Envoyé par Ducorroy
Jean-Pierre
Il faut faire
attention où on met le bambou car un paysagiste que je connais a du aller chez
un client (nouveau) et c'était au 3ème étage donc bitume, béton... Les
racines de bambou avaient traversé le béton et donné des infiltrations chez
les voisins. Un travail de titan les attendait ! Autrement, c'était beau et ils
pouvaient découvrir toute la ville du toit.
Ne manquez pas de
lire le dossier sur le bambou non traçant :
Le
fargesia ou bambou non traçant
Inscrivez-vous
à la lettre Jardinature afin de recevoir dans votre boîte mail
les
dernières infos, articles et dossiers
Inscrivez-vous
ici
Vous
souhaitez apporter votre contribution et améliorer ce dossier ?
Contactez-nous
!

>>
Retour à la page principale des dossiers
|